Péronne (Somme)
envoyée spéciale
«On ne peut pas dire que c'est du vol puisque tout leur appartenait, mais quand même, ce n'est pas des façons. C'est un coup de poignard.» Bernard a 56 ans, 40 passés chez Flodor, d'abord comme manutentionnaire et finalement, pour encore un an avant la retraite, comme surveillant de fabrication. Depuis la fin de la matinée, hier, avec une quarantaine de ses collègues, il fait le pied de grue devant les grilles de l'usine de chips et de croûtons située à Péronne (Somme). «Quand j'ai appris que mon usine déménageait en catimini, les bras m'en sont tombés.» Comme la majorité des salariés, il n'a pas encore assez de recul pour ressentir de la colère, mais «de la déception, certainement. Et de l'amertume aussi.»
«A la tronçonneuse». Depuis le début de la semaine, cachés par des tôles ondulées beiges et bordeaux, des ouvriers italiens ont démonté les chaînes de fabrication et d'emballage de la section chips. Quatre camions ont pris la route mardi dans la soirée, direction Trento en Italie. Un cinquième est toujours en stand-by sur l'aire de chargement, derrière le site. Dix-huit en tout devaient être affrétés par le groupe italien Unichips, qui a racheté Flodor en 1993. Hier après-midi, Hervé, responsable environnement et sécurité, a effectué l'état des lieux du site avec un huissier de justice. Autant dire qu'il ne reste pas grand-chose. «Les machines servant à la fabrication des croûtons sont restées en place.» Pour le reste... place nette, jusqu'au