Elle a les cheveux blonds peroxydés, le petit gilet bleu de la vendeuse qui la serre. Sur la poitrine à gauche un badge-prénom avec le logo Tati rose Vichy. Depuis trente-trois ans, elle tient le stand qui fait l'angle du boulevard de Rochechouart et du boulevard Barbès à Paris, division produits de beauté. Comme les autres vendeuses des magasins Tati de Paris et de province, en dépôt de bilan, «on» lui a interdit de parler. Mais ça ne demande qu'à sortir : le «choc» quand elle a appris «dans le journal de ce matin» que «la belle affaire» ne tenait plus. «On ne nous a pas prévenues, pourtant cela devait faire un moment qu'ils le savaient. Avec notre ancienneté, on méritait autre chose... Enfin, mieux que ça.» De Tati, elle a connu «toutes les époques», du temps de la caisse centrale et des «vendeuses volantes» qui faisaient les additions à la main jusqu'à l'annonce de la cessation de paiement jeudi soir. «A notre échelle, on n'y peut rien. C'est là-haut qu'ils ont tout laissé filer», accuse-t-elle, désignant d'un coup de tête les étages de l'immeuble boulevard de Rochechouart.
Secret de famille. La cessation de paiement de Tati est vécue comme un secret de famille que Fabien Ouaki, directeur, seul connaissait. Et qui, au lieu de réunir ses proches, les a laissés découvrir la mauvaise nouvelle dans la presse. «Nous ne parlons que de ça. Nous sommes outrées par la manière de faire», explique une responsable du rayon vaisselle du Tati «La rue est à nous», rue de Turbigo. «Fabien