Devant son écran, Yves Delforge, graphiste numérique de 33 ans, a retouché les rides d'Andie MacDowell. Spécialisé dans les effets spéciaux de clips, films ou publicités, il a aussi fait bouger les lèvres des fameux chimpanzés vantant de la lessive. «Il ne me viendrait pas à l'idée de me définir comme un artiste. Plutôt comme un technicien au service d'un réalisateur.» Yves Delforge travaille en free lance. Payé à l'heure pour les pubs (de 55 à 65 euros), à la journée pour les films (210 euros environ). «Il y a quatre ou cinq ans, on optait pour le statut d'indépendant par choix. Désormais, le statut est imposé par les maisons de postproduction qui préfèrent jouer sur la flexibilité plutôt qu'embaucher.» Paradoxalement, c'est pour ses activités qu'il juge les moins artistiques (clip, cinéma), parce que plus lucratives, qu'il a gagné son statut d'intermittent il y a trois ans. «Cela me permet de mettre de côté pour travailler, gracieusement, sur un court métrage expérimental ou un projet artistique.» Comme les vidéos de Faustino. «Il avait une idée assez précise de ce qu'il voulait mais l'exprimait avec des mots à lui : des sentiments et des impressions que je devais retranscrire à travers la machine. C'est là où moi aussi je deviens artiste.» A mi-chemin entre le technicien et l'«artiste numérique», Yves Delforge a une vision très romantique de l'art : «Pour une collaboration artistique, je suis prêt à me sacrifier financièrement. L'argent pervertit la création : en cherchan
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