Laurence Bossé est conservatrice au musée d'Art moderne de la ville de Paris et commissaire d'exposition.
«Quand je suis arrivée au musée d'Art moderne de la ville de Paris, en 1974, l'art vidéo en était à ses débuts et la photo commençait à peine à s'imposer dans les musées. On choisissait d'exposer une peinture ou une sculpture, en tout cas une oeuvre déjà réalisée. Mais depuis une dizaine d'années, la production contemporaine prend souvent la forme d'oeuvres éphémères, réalisées à l'occasion d'une exposition, en relation avec le lieu. L'oeuvre est alors mise en espace, accompagnée de sons ou de musique, d'un travail sur la lumière, etc. Ces évolutions ont poussé le commissaire d'exposition à s'affirmer : il ne suffit plus d'accrocher mais de produire les oeuvres.
Je passe une grande partie de mon temps à suivre le travail des artistes, dans les ateliers, les galeries, en France et à l'étranger, pour imaginer des expositions monographiques ou collectives et choisir de faire intervenir tel ou tel artiste autour d'un concept que nous choisissons : c'est ainsi que Didier Faustino a participé à «Traversées», où architectes, écrivains ou performers étaient invités à travailler ensemble sur des créations communes. Le rôle du commissaire est alors de susciter des projets, de faciliter les collaborations avec des personnalités d'autres disciplines, voire les suggérer. Vient ensuite la phase de réalisation de l'exposition, plus classique : nous mettons l'artiste en relation avec des