A bout de souffle. Le débat ultrasensible sur l'accès aux médicaments des pays les plus pauvres, qui piétinait depuis la réunion de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Doha en 2001, a finalement trouvé une issue samedi matin. A dix jours du sommet de Cancun (Mexique). Décryptage.
Que change cet accord ?
Il permet aux pays qui n'ont pas la capacité de produire des médicaments d'importer des copies bon marché de médicaments brevetés. Toute la difficulté réside dans les conditions imposées aux Etats désireux de le mettre en pratique. Prenons le Botswana, membre de l'OMC depuis mai 1995. Ce pays d'Afrique australe connaît le record mondial de contamination au VIH. Son espérance de vie a plongé à 36 ans (29 ans en 2010 selon l'ONU) et n'a pas d'industrie pharmaceutique capable de produire des génériques. Si le gouvernement veut des pilules récentes et brevetées, il doit négocier un prix plancher avec le laboratoire qui en est à l'origine. Faute de deal, le Botswana peut désormais adopter une licence obligatoire, par laquelle il s'autorise à importer un générique. D'Inde, par exemple, terre des «génériqueurs».
Mais New Delhi doit à son tour voter une licence obligatoire pour pouvoir l'exporter. Les deux pays devront en informer le conseil des Adpic (Accord sur les droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce) de l'OMC, qui encadre ces droits. «Deux simples lettres suffiront», assure-t-on à l'OMC. Le Botswana précisera qu'il fait cette demande de «bonne foi», po