Chantal a enfilé un pull bordeaux à col roulé. Hier, à 9 heures, elle a pris le TGV à Lille, direction Paris et son tribunal de commerce. Une heure de trajet, pas assez pour dormir. Pas envie surtout : «Cela fait quatre jours que je n'ai pas fermé l'oeil.» Depuis jeudi, et l'annonce de la cessation de paiement de Tati. Elue CGT, elle a entendu son dirigeant, Fabien Ouaki, prononcer presque la mort de l'entreprise, créée en 1948 et qui compte 27 magasins en France. «Ça faisait un moment que ça nous pendait au nez, mais je n'aurais jamais cru que le groupe en était arrivé là.»
Magasin historique. Chantal est caissière-vendeuse au magasin rue Faidherbe de Lille, installé dans un ancien cinéma. Elle a 38 ans, dont treize passés à travailler dans la maison. «Je suis rentrée chez Tati grâce à ma soeur, qui y travaillait depuis un an.» Avant Tati, elle travaillait à l'usine. La solution Tati, «c'était en attendant de trouver autre chose». Elle s'est installée, a eu un enfant, et n'a pas cherché à aller voir ailleurs. A Lille, parmi les 38 salariées (avec seulement 5 hommes), beaucoup ont vécu des histoires proches.
Arrivées gare du Nord à une dizaine les autres Lillois ont débrayé à midi , elles ont entraîné avec elles leurs collègues de Barbès-Rochechouart, le magasin historique de l'enseigne. Là, les vendeuses ont de la bouteille. Avec plus de trente ans de boutique pour la plupart, elles ont connu la grande époque. «J'ai donné ma jeunesse, et me voilà aujourd'h