Lille de notre correspondante
«La mondialisation existe pour les capitaux, mais pas pour la défense des intérêts de ceux qui travaillent.» La voix est posée, tout juste audible, dans la petite salle de la cour d'appel de Douai (Nord). Sous la digne chevelure blanche, l'avocat général Joseph Brunel semble se parler à lui-même alors qu'il requiert, en appel, l'extension de la liquidation de Metaleurop-Nord, à sa maison mère Metaleurop SA, «dans la perspective de l'intérêt général, et du bon sens». La quinzaine d'ex-Metaleurop présents à l'audience applaudissent, pendant que 200 autres attendent dehors, sous les fenêtres du tribunal. Me Olivier Puech, représentant de Metaleurop SA, ironise sur «les prises de position antimondialisation du procureur». Lequel s'«insurge» d'une voix blanche : «Pourquoi ne serais-je pas José Bové tant que vous y êtes ?» La présidente, agacée, accuse l'avocat de ne s'en prendre qu'au procureur. Ambiance.
Société fictive. Hier, le ministère public requérait pour la seconde fois en ce sens, aux côtés des représentants des salariés et des liquidateurs de la fonderie de Noyelles-Godault (Pas-de-Calais). Lâchée par sa maison mère en janvier, l'usine de plomb et de zinc centenaire avait été placée en liquidation en mars, laissant sur le carreau environ 830 personnes, et 1 200 salariés de la sous-traitance. En avril, les liquidateurs réclamaient l'extension, arguant que Metaleurop-Nord était une société fictive, et qu'il y avait confusion entre les deux patr