Washington de notre correspondant
Les opposants à la libéralisation des échanges qui entendent faire le siège de l'OMC à Cancun, la semaine prochaine, perdent franchement leur temps. Les libre-échangistes qui rédigent des odes à la gloire de l'Organisation mondiale du commerce s'enflamment un peu trop vite. A en croire l'économiste Andrew Rose, les uns comme les autres oublient un détail : en réalité, l'OMC ne facilite pas le commerce mondial.
«Alors que les théories et les déclarations fortes abondent, il n'y a pas, à ma connaissance, de preuve empirique irréfutable selon laquelle l'OMC et son prédécesseur le Gatt (Accord général sur le commerce et les droits de douane, ndlr) ont encouragé le commerce», affirme-t-il dans une étude publiée en juin et intitulée : «Savons-nous vraiment si l'OMC augmente les échanges commerciaux ?» (1) A cette question, la réponse communément admise est : oui. L'OMC y parviendrait en encourageant les pays à abaisser leurs droits de douane ou à renoncer à leurs subventions dans des conférences comme celle de Cancun. Mais Rose est plus que sceptique.
Petit «plus». Andrew Rose, 43 ans, n'est pourtant pas un provocateur. Il est du genre sérieux : professeur à la Haas School of Business de l'université de Berkeley, membre du prestigieux National Bureau of Economic Research... Il a étudié à la loupe quel était l'effet de l'appartenance à l'OMC ou au Gatt sur plus de170 pays ces 50 dernières années. Il a d'abord comparé la situation de chaque pays avant