Cancun, son sable fin, son eau turquoise. Sans l'usine à touristes en arrière-plan, voilà un décor idyllique qui préfigurerait, le 10 septembre, un sommet de l'OMC balnéaire. Il risque de virer au combat de boue. Car, à peine tournée (provisoirement) la page sur l'accès aux médicaments, les débats sur l'agriculture ressemblent à un lancer de tomates pourries. Accusés de plomber les pays du Sud par leurs subventions à l'exportation, Washington et Bruxelles, les deux superpuissances de l'OMC, répondent : «Ok, on va réduire» les subventions, mais doucement, et pas question de les supprimer.
Colère des «gros» pays du Sud, Brésil en tête : on veut des chiffres, pas des mots. Sinon, «pas d'accord plutôt qu'un mauvais accord.» A ce petit jeu de ping-pong diplomatique, le commissaire européen à l'Agriculture Franz Fischler a tapé fort hier. «Ils (les pays du Sud) doivent revenir sur terre. S'ils choisissent de continuer leur odyssée de l'espace, ils n'auront pas les étoiles, ils n'auront pas la lune, ils repartiront seulement les mains vides.»
Le problème, c'est que l'espace commercial est squatté par les pays les plus riches, maîtres des deux tiers du marché mondial. Comme dans toute conquête, les premiers servis rechignent à laisser la place. C'est le message de Fischler : les pauvres doivent arrêter de rejouer Mars Attack. On leur laissera, peut-être, quelques miettes du festin. En guise de réponse, Atal Behari Vajpayee, le Premier ministre indien, a filé à son tour la métaphore hi