Boulogne-sur-Mer
(Pas-de-Calais) envoyée spéciale
Elle est toute noire, se dresse sur le port, dans les cris des mouettes, à proximité d'une plage de sable fin déserte. Le fleuron de l'industrie de Boulogne-sur-Mer, sombre géant de canalisations posé entre des monticules de minerai de manganèse bleu-vert et de coke noir, fait encore partie du paysage, à côté des bateaux de pêche qui vont et viennent à ses pieds. La Comilog est pourtant promise à la fermeture dans les trois mois qui viennent. C'est ce qu'a annoncé la direction du site hier en comité d'entreprise extraordinaire.
Pour Boulogne-sur-Mer et son port, «les choses sont gravissimes», affirme son maire, Frédéric Cuvillier (PS). En plus des 351 emplois supprimés, l'élu estime que 350 autres emplois induits vont disparaître. Après la crise de la pêche, la fermeture du trafic trans-Manche depuis l'ouverture d'Eurotunnel et la disparition du duty free, Boulogne et ses 13 % de chômeurs n'avaient pas besoin de ça.
Le maire pronostique même à terme «la mort du port de commerce», puisque 58 % de son trafic dépend de la Comilog. Grâce à elle, chaque année, 65 minéraliers de 200 mètres de long livrent à l'usine le manganèse en provenance des mines du Gabon pour fabriquer le ferromanganèse, alliage destiné à enrichir l'acier.
«Séisme». Francis Leroy, président de la chambre de commerce, estime à 3 millions d'euros par an le manque à gagner pour le port de commerce, et réclame cette somme à l'Etat, «pour vivre», en attendant une recon