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Libération

A Saint-Ouen, «ça sent le Ferodo»

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Une usine-lieu d'art expose le passé ouvrier de la ville.
publié le 8 septembre 2003 à 0h53

Les oeuvres vidéo et installations d'artistes contemporains ont remplacé les garnitures de frein et les embrayages. Mais dans le bâtiment de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), les traces du passé ouvrier sont restées. L'association Mains d'oeuvres occupe depuis 1998 l'ancien Centre social et sportif de l'usine Valeo (ex-Ferodo), fleuron français de l'équipement automobile.

Avec l'exposition «Frictions, une histoire du travail à Saint-Ouen», Mains d'oeuvres est parti à la recherche du passé de l'usine, et plus largement de celui du Saint-Ouen ouvrier. Des affiches de Mai 68, des garnitures de friction produites dans les années 20, la correspondance entre dirigeants de l'usine et ouvriers envoyés au front pendant la Seconde Guerre mondiale... Des témoignages filmés d'anciens ouvriers aussi, qui racontent les cadences, la solidarité et les stratagèmes pour pouvoir assister à tour de rôle aux entraînements des footballeurs du Red Star, face à l'usine...

Des ouvriers ont refusé de soulever un passé douloureux, inséparable de l'amiante et des plans sociaux. Mais à travers les témoignages et objets amassés se dessine le passé de la «cité Z», un quartier marqué par les usines et leurs nuisances : aujourd'hui encore, ont dit «ça sent le Ferodo». Puis il y eut la désindustrialisation de la banlieue parisienne. En 1955, les centres de production Ferodo sont délocalisés en province. Les derniers ateliers de Saint-Ouen ont fermé en 1968.

«Frictions, une histoire du travail à Saint-Ouen». Du 11