«Les vieux, c'est un métier d'avenir.» Françoise Auger, «coordinatrice en gérontologie» dans un Clic (centre local d'information et de coordination) des Yvelines, résume la situation. Le nombre de personnes âgées de plus de 85 ans aura doublé d'ici moins de dix ans, passant d'1,2 million à 2,4 millions. «A moins de les laisser mourir», provoque Pascal Champvert, président de l'Association des directeurs d'établissement d'hébergement pour personnes âgées (Adehpa), «il faudra bien des gens pour les aider et les soigner.»
La canicule et les décès de personnes âgées isolées ont révélé l'importance du «retard français» : une inquiétante pénurie de personnel dans les maisons de retraite et dans le secteur de l'aide à domicile. En France, on trouve en moyenne 0,4 employé pour un résident, contre 0,8 en Grande-Bretagne et 1,2 en Suisse. Pour arriver à un seuil acceptable, il faudrait doubler ce ratio. Aujourd'hui, 680 000 personnes vivent en maison de retraite, et 250 000 employés prennent soin d'eux. La politique idéale serait, dans un premier temps, 250 000 embauches. Puis de garder le rythme, pour suivre le doublement des effectifs de personnes âgées. «Finalement, il faudrait multiplier le nombre de personnel par quatre», conclut Pascal Champvert.
Chez les professionnels de l'aide à domicile, on fait le même calcul. «Pour une prise en charge correcte, il faut quatre fois plus d'employés», confirme Frédérique Decherf, directrice du département ressources humaines à l'Union nationale