La vieille dame avance tout doucement dans le couloir. Trois petits pas. Une pause. Trois nouveaux pas. Les fines épaules tremblent sous la robe à fleurs. Elle lève la tête. Sourit à la dame en blouse qui se hâte à sa rencontre. «Eh bien, vous m'avez l'air en forme ce matin !» Les deux femmes s'étreignent. Les bras entourent, les mots cajolent. «Je compte sur vous pour l'atelier jeudi», insiste la dame en blouse. Nicole Cahu, 52 ans, est aide-soignante. Théoriquement, sa matinée est consacrée aux toilettes des personnes âgées. Mais là, elle discute dans le couloir. Papote une demi-heure des caprices de la météo, des hirondelles qui crottent sur les balcons. A la maison de retraite la Roseraie, établissement public rattaché à l'hôpital local d'Houdan (Yvelines), on prend le temps. La discussion, le «relationnel», comme disent les employés, fait partie de la fiche de poste de chacun. Avec 105 membres du personnel pour 191 résidents, l'établissement est largement au-dessus de la moyenne nationale, qui tourne autour d'un employé pour quatre résidents. En plus des indispensables aides-soignantes et infirmières, il y a une diététicienne, une coiffeuse, deux animatrices, deux psychologues. Des conditions qui semblent idylliques au regard de la pénurie de personnel et des difficultés révélées par la canicule de cet été. La remarque énerve le directeur, Patrice Lorson. «A chaque fois qu'on rencontre des politiques, ils disent : "Ce que vous faites, c'est bien, mais votre cas est exce
Reportage
Les vieux, un métier d'avenir
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par Ondine Millot
publié le 8 septembre 2003 à 0h53
(mis à jour le 8 septembre 2003 à 0h53)