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Libération

Des Tziganes reprennent vigne dans le Bordelais

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Employés comme vendangeurs, ils se sédentarisent peu à peu.
publié le 10 septembre 2003 à 0h55

Saint-Selve (Gironde)

envoyée spéciale

Un bruit sec, précis. En cadence. Celui du sécateur qui tranche net la grappe de raisin. De temps à autre, les visages surgissent des rangs de vigne. Cinq minutes de pause. Le temps de s'étirer le dos. Et c'est reparti, sous une pluie fine et persistante. Dominique Bierce, responsable des vendanges au domaine de Reys, 13 hectares dans les Graves, à Saint-Selve, en Gironde, surveille le travail de 25 de ses vendangeurs, tous tziganes.

Cette petite femme n'hésite pas à tancer ses employés : «Attention ! Ne laissez pas les feuilles avec les grappes dans les paniers.» Les sécateurs reprennent de plus belle. Et puis c'est l'accrochage. «Mettez-vous face à face, de chaque côté de la vigne. Je ne veux pas qu'on vendange côte à côte. Sinon, on oublie des grappes», ordonne-t-elle. «C'est l'armée ici. J'ai pas envie de me faire couper les doigts», marmonne Jean-Noël. Sur son tee-shirt, imprimé en grosses lettres, «l'esprit hot». Le ton monte.ÊSamuel, le chef des Tziganes et responsable du chantier, intervient. L'incident est clos.Ê

Deux mondes. «Les Tziganes travaillent plus vite que les autres. Mais quand Samuel n'est pas là, j'ai du mal à les commander», avoue Dominique Pierce. Samuel ? A 26 ans, il est ce lien entre deux mondes que tout sépare : les gadjé (non-Tziganes) et les gens du voyage. Samuel, le prédicateur de l'église évangélique, est leur porte-parole et leur modèle.

Il y a peu, il vivait encore du RMI. A 16 ans, il a arrêté l'école pour