Cancun envoyés spéciaux
Il a distribué une lettre où il raconte sa vie. Avant d'y mettre fin. La lettre disait : «Je pleure les mots qui bouillonnent en moi depuis si longtemps. Pour qui négociez-vous ? Pour les citoyens ou pour vous-mêmes ?» Il a escaladé une grille de deux mètres de haut qui sépare la «zone interdite» et le reste du monde. Déroulé une banderole («L'OMC tue les paysans») sous les yeux des policiers, quatre fois plus nombreux que les manifestants. Puis il a sorti un couteau et s'est lacéré la poitrine. Lee Kyung-hae est mort ainsi, mercredi, dans un happening cérémonial, le jour de l'ouverture de la 5e conférence de l'OMC. Il avait 56 ans. Il était Sud-Coréen.
Ex-président de la Fédération des paysans progressistes, il avait déjà effectué une grève de la faim en mars, à Genève. Devant le siège de l'OMC sous une tente, pendant plus d'un mois. Dans sa lettre, il expliquait : «Après l'Uruguay round, [qui a lancé l'OMC en 1994] nous avons réalisé que nous n'avions plus notre destin en mains. Nous ne pouvions rien faire d'autres que regarder les vagues détruire nos communautés rurales. J'ai cherché les forces qu'il y avait derrière ces vagues. C'est pour cela que je suis ici, à Genève.»
«En silence». Lee Kyung-hae avait décliné le thé et la nourriture que lui proposaient les fonctionnaires de l'organisation. Il disait seulement : «Je souffre en silence.» Dans sa lettre, ce fermier racontait comment, malgré l'augmentation de la productivité, les produits coréens souf