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Interview

Elisabeth Badinter : «L’exercice du pouvoir est unisexe»

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Elisabeth Badinter, philosophe (1)
publié le 15 septembre 2003 à 0h59
(mis à jour le 15 septembre 2003 à 0h59)

Les femmes ont-elles un rapport différent au pouvoir ?

Dans la volonté ou la façon d'exercer le pouvoir, il n'y a pas de différence entre les hommes et les femmes. Le pouvoir est un désir qui ne concerne pas tous les êtres humains mais seulement certains hommes et certaines femmes. Il n'y a donc pas de différence innée, essentielle, entre les deux sexes. En revanche, il y a des différences culturelles et historiques. Durant des siècles, les femmes n'ont exercé leur pouvoir qu'au sein du foyer (il est étonnant de voir encore aujourd'hui combien certaines femmes ont du mal à lâcher ce pouvoir domestique, traditionnellement féminin). Le pouvoir exercé par des femmes dans le monde extérieur, en politique ou en dans le monde économique, est donc relativement nouveau.

Ont-elles une autre manière de diriger?

Des femmes politiques disent qu'elles n'ont pas besoin des oripeaux du pouvoir, voitures de fonction et autres avantages. Culturellement, c'est neuf pour elles, elles n'ont pas l'habitude de jouir de ces signes extérieurs de puissance. Elles veulent apparaître modestes, au service des autres. Mais ce discours moralisateur peut être aussi une façon de se donner une vertu politique. Il serait intéressant de voir si elles ne profitent pas réellement de ces avantages comme leurs collègues masculins. Les hommes et les femmes se ressemblent tellement.

Homme ou femme, la façon de diriger est identique...

Je ne vois que des différences superficielles qui dépendent d'ab