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Libération

«Toujours trop ou pas assez»

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publié le 15 septembre 2003 à 0h59

Jusqu'en janvier, Agnès Touraine, 48 ans, dirigeait le plus grand groupe français d'édition : VUP, propriété de Vivendi Universal, plus de 10 000 salariés, 4 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Elle a quitté son poste au moment où VUP a été cédé au groupe Lagardère. Depuis, elle a créé sa propre société de conseil, Act III consultants.

«Il est rare qu'on transmette aux filles des valeurs de leadership. Les parents sont fiers que leur fils soit chef de bande à la récré, pas que leur fille le soit. Or, diriger s'apprend. Il faut avoir envie d'emmener les autres, faire partager sa vision, pas ses doutes et ses problèmes personnels. Je viens d'une famille d'intellectuels, il n'y avait pas d'industriel. On m'a toujours dit qu'il fallait que je sois indépendante. Diriger plutôt que d'être dirigée. Il faut aussi aimer travailler énormément. Je l'ai fait dans un but d'indépendance, donc de liberté.

Etre PDG d'une grande entreprise n'est pas toujours une vie facile et je comprends que certaines femmes ne le souhaitent pas. Mais l'important est qu'elles aient la possibilité de choisir. J'ai vu des femmes remarquables à des niveaux élevés se dévaloriser. Quand on leur propose un poste de direction, elles sont satisfaites mais avancent «Vais-je en être capable ?» Les hommes, eux, vous diront : «Merci, j'attendais cette nomination depuis trois ans. Vous me proposerez quoi par la suite ?» En entreprise, les femmes ne savent pas assez se valoriser. Elles doutent pour être mieux rassurée