«On vit un véritable cauchemar.» Dans les couloirs de Bercy, le constat ne laisse pas de place à l'ambiguïté. «Entre nous et la Commission, c'est l'incompréhension totale», confesse un conseiller de Francis Mer. Hier, le verdict de la Commission européenne sur le sort du plan de sauvetage d'Alstom est tombé : la France a cinq jours pour amender son plan et présenter une proposition acceptable. Faute de quoi, Bruxelles interdira l'entrée de l'Etat dans le capital du groupe à hauteur de 31,5 %.
«Injonction». D'après le porte-parole de la Commission, Reijo Kempinnen, cette décision a été adoptée à l'unanimité des commissaires, signe que la France n'a bénéficié, comme prévu, d'aucun soutien. «Après des semaines de dialogue intense avec les autorités françaises, la Commission a voulu donner une dernière chance à la France avant de déclencher cette injonction», a expliqué le commissaire européen à la Concurrence Mario Monti.
Injonction... Voilà qui fait bondir Paris. «On ne comprend pas du tout pourquoi il utilise cette menace», dit un fonctionnaire français. Sur les cinq injonctions de l'histoire de l'Union européenne contre un Etat membre, deux concernaient Paris (Bull, en 1994, et le Pari mutuel urbain, en 1991).
La vive colère de la Commission tient à ce que le plan de sauvetage d'Alstom n'a pas respecté la procédure en vigueur. Un Etat est bien autorisé à entrer dans le capital d'une entreprise en difficulté mais à la seule condition que la Commission puisse donner son approbati