Mais à quoi joue la Commission européenne ? En engageant jusqu'au bout la partie de bras de fer avec le gouvernement français sur la gestion du plan de sauvetage d'Alstom, les commissaires européens, Mario Monti (chargé de la Concurrence) en tête, risquent de mettre sur la paille un groupe industriel européen et surtout de déclencher une crise politique. Sur le papier, c'est entendu, et on le reconnaît même à Bercy, la Commission est dans son plein droit quand elle s'oppose à ce qu'elle appelle la «stratégie du fait accompli» de Francis Mer. Dans la minuscule boîte à outils que l'Europe a mise à la disposition des Etats pour venir en aide à leur industrie, il ne reste officiellement que deux clés à molette : une aide de sauvetage (prêt temporaire obligatoirement remboursable au bout d'un an) et une aide à restructuration (qui peut être irréversible mais à la condition qu'elle soit validée par la Commission). L'entrée au capital de l'Etat dans Alstom fait évidemment partie d'une aide à la restructuration. Si le gouvernement français a fauté, c'est parce qu'il n'a pas attendu que la Commission lance son enquête (qui dure généralement plusieurs mois) pour donner son feu vert.
In extremis. Difficile pourtant de faire un procès en malhonnêteté à Bercy quand il plaide qu'il n'avait pas le choix. Ce n'est certainement pas pour réveiller les vieilles ardeurs de l'Etat actionnaire que le libéral Francis Mer a décidé de prendre 31,5 % du capital d'Alstom. Mais parce qu'en mettant 300 m