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Libération
Interview

«Certains voisins plantent de la coca»

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publié le 20 septembre 2003 à 1h04

Bogota de notre correspondant

Agé de 76 ans, César Villa a récolté ses premiers grains d'arabica il y a plus de six décennies. Avec ses deux fils, il exploite aujourd'hui une ferme de cinq hectares près de Pereira, au coeur de ce que les Colombiens appellent «l'axe caféier», sur les pentes des Andes, à plus de 1 000 mètres d'altitude. Même atténuée par l'intervention de l'Etat colombien, la crise des cours a frappé directement ce petit producteur.

Comment la crise du café a-t-elle touché votre région ?

Cela a été dur pour tout le monde, des grands propriétaires jusqu'aux petits, comme moi. Les prix ont chuté dès 1989, puis nous avons vu apparaître la broca, un insecte qui se reproduit à toute vitesse sur les grains mûrs et dévaste les plantations. Depuis l'apparition des nouveaux pays producteurs, qui a encore fait baisser les cours, nous n'en sortons pas. Plusieurs voisins ont fini par vendre ou abandonner leur ferme, et quelques-uns sont partis sur des terres un peu plus hautes, pour planter de la coca ou du pavot à l'écart. Maintenant, les ouvriers agricoles font des allers retours entre le café et ces cultures de drogue. En une journée de récolte de feuilles de coca, ils peuvent gagner jusqu'à 60 000 pesos (30 euros). C'est illégal et dangereux, un coup de feu est vite parti, mais ceux qui redescendent après plusieurs jours de travail ont un beau paquet d'argent. Moi, avec le café, je ne peux les payer que 16 000 pesos par arroba [environ 12 kilos], et ce n'est déjà pas mal