Bogota, de notre correspondant.
Pour le quarantième anniversaire de l'Organisation internationale du café (OIC), près de 500 délégués des producteurs et des consommateurs s'étaient réunis cette semaine, pour la première fois hors du siège de Londres. C'est à Carthagène, ancienne plaque tournante des esclaves en Colombie, que trois chefs d'Etat ont lancé un appel au secours au nom de leurs paysans. «Nous voulons que le prix du café se fixe d'une façon juste», a exigé le président brésilien. Luiz Inacio Lula Da Silva était épaulé par son hôte colombien, Alvaro Uribe, et par le dirigeant du Honduras, Ricardo Maduro, qui représentait l'Amérique centrale. Les présidents, dont les régions fournissent 52 % de la production mondiale du grain, ont rappelé les effets de la crise qui s'est abattue sur les 25 millions de caféiculteurs de la planète.
Depuis la rupture, en 1989, d'un pacte de quotas qui maintenait les cours en limitant la production, des nouveaux pays producteurs de café comme le Vietnam ont contribué à une hausse permanente du volume de grains. Résultat : la production a grimpé de 21 % en dix ans, alors que la hausse de la consommation, elle, plafonne à 10 %. Automatiquement, les prix se sont effondrés depuis 1997. Aujourd'hui, affirme Nestor Osorio, directeur de l'OIC, «les paysans produisent à perte».
En Amérique centrale, où un demi-million d'emplois liés au café auraient disparu depuis 2000, des milliers de paysans sont partis le mois dernier des fermes sinistrées du no