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Libération

«Je dessine vite et mal»

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publié le 22 septembre 2003 à 1h04

Jean-Baptiste est dessinateur de presse indépendant. Sans personne derrière son dos, il doit se motiver seul.

«Me mettre au travail est toujours un supplice, un instant quasiment insurmontable. Comme par hasard, au moment où je m'installe à ma table, j'ai toujours envie d'aller pisser, de ranger la pièce où je dessine, de me faire un truc à boire.

«Je suis un dessinateur qui ne sait pas dessiner, plutôt un humoriste qui construit son dessin à partir d'une blague, d'une idée, d'un bon mot. Je ne dessine jamais comme ça pour le plaisir, sur une nappe de restaurant pour payer mon repas, juste à la limite, je griffonne quand je téléphone. De toute façon, je ne peux travailler que chez moi. J'ai tout un attirail sans lequel je ne peux rien faire. Plusieurs sortes de plumes, des lames de rasoir pour gratter mon calque et permettre aux traits de baver, des gommes... L'effet délavé et crade est en fait un gros travail, mais je l'affectionne particulièrement. Mon lieu de travail préféré est le canapé. Des heures durant, j'y suis installé à réfléchir... Non pas à ce que je vais dessiner mais à la vie et surtout à l'énergie que je dois concentrer pour me lever et me mettre au boulot. Comme je n'ai jamais personne derrière mon dos pour me dire de m'y mettre, seule la pression de dernière minute me sert de moteur. Heureusement, elle arrive très souvent genre : "Allo, il est déjà tard et je n'ai pas reçu ton dessin. Y a pas de problème ?" Je me jette alors sur ma feuille.

«D'avoir des client