Le coup du jour férié l'a montré. En proposant de supprimer le lundi de Pentecôte pour financer l'aide aux personnes âgées (Libération du 28 août), le gouvernement Raffarin voulait, une nouvelle fois, «réhabiliter la valeur travail». Sur tous les tons, à chaque occasion, de l'université d'été du Medef à celle de l'UMP, le Premier ministre ressasse sa grande obsession : les Français seraient devenus paresseux. Durée de cotisation pour les retraites allongée, 35 heures progressivement remises en cause, le gouvernement veut remettre le pays au boulot. Chirac a aussi entonné le refrain la semaine dernière, lors de sa rentrée politique à Auxerre : «Dans notre pays (...), le travail a été dévalorisé.» Ernest-Antoine Seillière, le patron des patrons, se félicite de la position du gouvernement : «Après des années de propagande fallacieuse sur les loisirs, vous avez sifflé la fin de la récréation.»
Les 35 heures auraient-elles fait perdre aux Français le goût du travail ? «Ces affirmations sont purement idéologiques, juge Pierre Boisard, chercheur au Centre d'études pour l'emploi. Aucune étude ne conforte les suppositions du gouvernement.» Mieux : selon un rapport de l'OCDE, la productivité horaire de la France compte parmi les premières au monde, devant les Etats-Unis et le Japon (lire encadré). Soucieux de démontrer «la relative dépréciation du travail et des vertus qui y étaient traditionnellement attachées», Jean-Pierre Raffarin a commandé fin 2002 un rapport sur «la place du trav