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Libération
Enquête

Contre l'OMC, jusqu'à la mort

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Martyre altermondialiste ou acte de désespoir: comment expliquer le geste de Lee Kyung-hae? Alors que le corps de ce fermier de 56 ans vient d'être mis en terre à Jangsu, sa ville natale, ses proches émoignent.
publié le 23 septembre 2003 à 1h05

Lee Ji-hay est une frêle Sud-Coréenne, étudiante en floriculture. «Avant de partir, il m'a laissé un message sur mon téléphone. Il voulait que je l'appelle, mais je n'ai pas pu le joindre à temps. Son message m'informait qu'il m'avait remboursé une petite dette de 400 dollars. Il me disait : "Utilise bien cet argent pour réussir tes examens à l'université." Il me disait aussi qu'il partait au Mexique pour défendre les droits des paysans contre l'OMC.» Lee Ji-hay est la fille de Lee Kyung-hae, venu de Jangsu mourir à Cancun. Le 10 septembre, au premier jour de la cinquième conférence ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce réunie au Mexique, alors que l'avant-garde des paysans de tous pays tente de défoncer les grilles qui les séparent des forces de l'ordre mexicaines, Lee se tourne vers ses amis et leur dit : «Ne vous inquiétez pas pour moi. Continuez à vous battre dur !» Son bob sur la tête, il sort de sa poche un couteau suisse et le plonge d'un coup sec dans sa poitrine. Face aux caméras de télévision et aux photographes, il titube, tête en arrière, bouche ouverte, yeux mi-clos, puis s'effondre.

Larmes. Samedi dernier, le cercueil renfermant le corps de Lee Kyung-hae a été acheminé sur la place de Jangsu. Et c'est toute la petite ville coréenne isolée dans les magnifiques confins montagneux du nord de la province de Cholla qui a versé des larmes. Les slogans rageurs des fermiers de Jangsu barrant drapeaux et calicots des bâtiments municipaux : «L'OMC a tué Lee