De Michel Rocard à un ex-participant à l'émission de télé-réalité Nice People, de l'inventeur du Web Tim Berners-Lee à Alain Madelin : le front des opposants à la directive sur les brevets logiciels, qui passe devant le Parlement européen en première lecture aujourd'hui, est devenu aussi large qu'éclectique.
Sujets chauds. Si un sujet d'apparence très technique suscite autant de débats, c'est qu'il mêle deux sujets chauds du moment, la place croissante de l'informatique dans les pays développés et l'importance des brevets dans l'économie mondiale. A l'origine, il s'agit de trancher : faut-il accorder aux logiciels le même régime de protection par brevets que celui des machines-outils ou des médicaments ? Jusque-là, les logiciels étaient exclus du champ du brevetable, au même titre que les équations mathématiques ou les recettes de cuisine. Impossible en Europe de revendiquer un monopole de vingt ans sur telle ou telle fonction informatique.
Changer la donne. La Commission européenne, encouragée notamment par quelques grandes sociétés européennes (Nokia) ou américaines (IBM, Microsoft), a proposé de changer la donne, légitimant au passage des pratiques controversées de l'Office européen des brevets, qui a attribué près de 30 000 brevets sur des logiciels ces dernières années en jouant sur les ambiguïtés de la loi.
Ces derniers mois, les critiques à l'égard du projet de directive ont enflé, explosant au passage les clivages droite-gauche. «Beaucoup de députés du groupe PPE [droit