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Libération

A Alstom Belfort, ni sereins ni saufs

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Les salariés du site ne croient pas à l¹avenir du groupe.
publié le 24 septembre 2003 à 1h06

Belfort, envoyée spéciale.

Dans les ateliers d'Alstom, à Belfort, il se dit que «les chefs» sont en train d'étudier les relevés d'absentéisme pour préparer les listes de licenciements. Il se raconte aussi que, après les 900 suppressions d'emploi annoncées avant l'été dans les branches «énergie» et «transport» ­ et effectives prochainement ­, d'autres «restructurations» devraient suivre. Il se murmure que, déjà, les clients vont voir ailleurs. Alors, la Commission européenne peut bien donner son feu vert à un ultime «plan de sauvetage» de ce qui fut l'un des fleurons de l'industrie française, les salariés belfortains ­ 3 300 aujourd'hui, 2 400 demain ­ n'y croient plus. Jean-Marie (1), vieil «alstomien» : «Vous voulez la vérité ? Les 800 millions d'euros injectés par l'Etat vont servir à financer nos plans de licenciement à nous, salariés.»

«Bradé». Pour mieux convaincre, Bernard agite les bras dans tous les sens : «Ce que j'ai compris du plan de sauvetage, c'est que les banques étrangères prennent possession d'Alstom. Alstom est bradé à l'étranger, le patrimoine va être dépecé, les restructurations vont pleuvoir. C'est fini, l'avenir est en morceaux.» Dans une entreprise si jalouse de son passé ­ 125 ans de vie commune avec Belfort ­, si fière de sa compétence technologique ­ des centrales nucléaires d'EDF aux locomotives du TGV­, la tutelle bancaire est vécue comme un affront, le «sauvetage» comme un sursis dérisoire, la «mondialisation» comme un défi à des compétences jadis