Entre les intérêts de leurs industries chimiques et la préservation de l'environnement, Jacques Chirac, Tony Blair et Gerhard Schröder ont choisi. Dans une lettre commune adressée le 20 septembre au président de la Commission européenne, Romano Prodi, les trois responsables politiques se disent ouvertement «préoccupés» par un projet de directive sur les produits chimiques en cours d'élaboration à Bruxelles. Baptisé Reach (pour «Registration, Evaluation and Authorization of Chemicals», c'est-à-dire «enregistrement, évaluation et autorisation de substances chimiques»), ce projet très ambitieux empêche de dormir depuis de nombreux mois les industriels du secteur.
Il vise ni plus ni moins à passer au crible, via des tests poussés, les quelque 30 000 substances chimiques aujourd'hui sur le marché (100 000 si l'on rajoute les substances intermédiaires et les polymères) afin de vérifier il serait temps ! leur degré de toxicité pour l'environnement et la santé. Un processus très lourd avec des conséquences qui, selon une récente étude commandée par l'Union de l'industrie chimique (UIC), pourraient coûter 29 à 54 milliards d'euros et 360 000 emplois (directs, indirects et induits) à l'économie française sur dix ans !...
«Irresponsabilité». «Nous estimons que la procédure d'enregistrement envisagée sera trop bureaucratique et inutilement compliquée», s'inquiètent le chef de l'Etat français, le Premier ministre britannique et le chancelier allemand, reprenant les arguments martelés d