Saint-Nazaire envoyé spécial
Le Queen Mary II, prend le large. Le navire à coque noire, que les ouvriers du chantier naval appellent simplement «le Queen» part aujourd'hui, sans passagers, pour une phase de tests entre Belle-Ile et l'île d'Yeu. Le plus grand paquebot jamais construit au monde et la grande fierté des Chantiers de l'Atlantique, filiale d'Alstom, doit quitter cet après-midi son quai d'armement.
Pour un tel événement, n'importe quelle entreprise aurait fait sonner trompettes et tambours. Mais voilà, coup du sort et du calendrier, Alstom, sauvé in extremis du dépôt de bilan lundi soir (Libération de mardi), n'est pas d'humeur à vanter les prouesses technologiques de sa filiale (environ 7 % de son chiffre d'affaires total). Aujourd'hui, Patrick Kron, le patron d'Alstom, a convoqué l'ensemble des organisations syndicales au siège parisien du groupe, pour décortiquer le nouveau plan de financement et faire le point sur les violentes mesures de restructuration en cours depuis le mois de mars. En plus du programme de cession d'actifs d'environ 3 milliards d'euros, il devrait confirmer qu'il en resterait pour l'instant à 7 000 suppressions d'emplois (dont 5 000 en Europe) sur un total de 118 000 salariés.
Commando. Alstom fait d'autant plus profil bas que le Queen Mary II a bien failli rater sa première sortie. Les assureurs ne voulaient pas le laisser sortir, trouvant les coursives et salles en travaux trop encombrées de matériaux, d'échafaudages et de câbles épars. Un c