Berlin correspondance
«Cette perspective de réglementation est d'autant plus dure pour les Allemands qu'ils sont sans doute les industriels les plus conscients de l'environnement en Europe.» Au VCI, le syndicat de l'industrie chimique, on n'a pas attendu la lettre du triumvirat Schröder-Blair-Chirac pour s'indigner du zèle de la Commission en matière de régulations et autres principes de précaution jugés paralysants.
Depuis deux ans, les industriels du secteur décortiquent le livre blanc sur la politique communautaire en matière de chimie publié par Bruxelles en février 200I. Ils ont, très vite, contre-attaqué avec un rapport commandé par le BDI, la fédération de l'industrie allemande, au cabinet d'audit Arthur D. Little afin d'extrapoler les effets de la réglementation «Reach» sur l'économie nationale.
Des trois ou quatre scénarios envisagés par Arthur D. Little, les chimistes allemands n'en retiennent qu'un : le pire. Il prévoit carrément un recul de la création de richesse de 6,4 %, la disparition de 20 à 40 % des 1 750 PME de la branche et des menaces sur 2,35 millions d'emplois (dans le secteur chimique, qui emploie 465 000 personnes, mais aussi dans les industries dépendantes). Car l'augmentation des coûts de production entraînée par les certificats de conformité qu'il faudra livrer induirait une nouvelle vague de délocalisation. «Bruxelles va provoquer un tremblement de terre qui va secouer la chimie en Allemagne, mais aussi dans toute l'Europe et causer des dégâts irrép