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La croissance, à quoi bon ?

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Premier colloque sur le concept de décroissance soutenable.
publié le 26 septembre 2003 à 1h08

Après le développement durable, voici la «décroissance soutenable». Le premier colloque français consacré à ce nouveau concept économique s'ouvre aujourd'hui à Lyon. Les organisateurs, parmi lesquels les Casseurs de pub (association lyonnaise très critique sur la société de consommation), y attendent plusieurs centaines de participants (1). L'idée est toute simple : la croissance infinie sur une planète aux ressources finies est impossible. Ou alors, il faudrait plusieurs planètes de rechange. Les tenants de cette idée vont un cran plus loin que les experts du «club de Rome», au début des années 1970, qui prônaient une «croissance zéro». S'inspirant des travaux d'un économiste roumain mort en 1994, Nicholas Georgescu-Roegen, ils reprochent aux économistes traditionnels de s'appuyer sur des systèmes tournant en vase clos, sans prise en compte des ressources naturelles. Comme l'exprime l'universitaire Alain Gras, virulent détracteur du progrès technique, «il faut traiter la Terre non plus en tant qu'objet mais en tant que sujet». Pour les partisans de la décroissance, il s'agit de privilégier les «liens plutôt que les biens», c'est-à-dire les richesses ­ souvent non marchandes ­ qui ne causent pas de dégâts environnementaux.

«La décroissance ne s'adresse pas aux populations qui ne répondent pas à leurs besoins fondamentaux (nourriture, logement, éducation, échange) mais à ceux qui consomment déjà beaucoup trop», précise toutefois Bruno Clémentin, président de l'Institut d'étude