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Libération

A la poste, le guichet des langues déliées

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publié le 29 septembre 2003 à 1h09

Omar, 45 ans, est interprète arabe et berbère dans un bureau de poste parisien.

«Depuis treize ans que je fais ce boulot, à mi-temps, je suis le plus ancien du bureau, tout le monde me connaît. J'assure des permanences plusieurs fois par semaine. A chaque fois, je vois passer cinq à six cents personnes, beaucoup sont des habitués. Je dois me limiter à cinq-dix minutes par personne, un quart d'heure au maximum, sinon je n'y arrive pas. J'essaie d'abréger, parce que je ne veux pas être une assistante sociale, ce n'est pas mon rôle, mais les gens du quartier ont l'habitude d'être assistés. J'oriente les personnes, je remplis leurs formulaires pour les mandats, les envois d'argent aux parents qui sont restés au pays. Je traduis aussi les questions qu'ils veulent poser au guichet ou au conseiller financier. Le gros du travail se fait du 1er au 15 du mois, au moment des virements pour les loyers, les factures d'électricité, l'arrivée des Assedic ou du RMI. Pendant ces deux semaines-là, je travaille à temps plein, le bureau est situé sur un gros carrefour et il y a beaucoup de monde qui passe.

«La plupart des gens qui s'adressent à moi sont complètement analphabètes, ce sont surtout des femmes. En France comme ailleurs, elles s'occupent de tout. Il y a des Africaines qui arrivent directement du pays, elles ne parlent ni le français ni l'arabe, alors elles me montrent l'imprimé et je le remplis pour elles. Il y a aussi des personnes âgées, des jeunes qui viennent me voir pour faire co