Menu
Libération

Litige volant

Article réservé aux abonnés
publié le 29 septembre 2003 à 1h09

Conseil de prud'hommes de Paris, audience des référés

La présidente, une petite femme aux cheveux gris coupés court, surjoue son agacement. «Chuut, raah, chuut», souffle-t-elle à la salle bondée. Face à elle, trois avocats. Celui de droite se lance en hurlant presque : «Je vais vous raconter une terrible histoire. C'est l'histoire d'Air France, une société qui porte le nom de France et dont pourtant le comportement est difficilement respectable. Le 11 septembre 2001, on réalise que, avec un cutter, on peut détourner un avion. Air France, au lieu de recruter du personnel de sécurité compétent, a recours à Pretory. Une société qui ne respecte aucune loi. Où des gens censés assurer la sécurité des passagers font Paris-Mexico-Paris, 25 heures d'affilée, sans repos. Où certains employés sont des maîtres-chiens qui gardent des supermarchés. Je n'ai rien contre les maîtres-chiens, mais bon, on peut se demander s'ils sont compétents dans la protection antiterroriste.» L'avocat fait une pause, à bout de souffle. Il représente deux salariés de Pretory, absents car «encore partis pour vingt heures de vol». Les agents réclament respectivement 112 000 et 125 000 euros de salaires non versés, soit la quasi-totalité de leur paye depuis leur embauche il y a deux ans. «Ils ont trimé plus de 200 heures par mois et n'ont été payés que pour 15 heures !», s'indigne le défenseur. La présidente lève un sourcil : «Tout de même, deux ans sans être payés et sans broncher...» Les pratiques douteuses de