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Libération

Un Plan-de-Campagne pour contourner la loi

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Zone de non-droit, ce centre commercial ouvre tous les dimanches. L'Etat ferme les yeux, par peur de voir les emplois supprimés.
publié le 29 septembre 2003 à 1h09

Marseille

de notre correspondant

Au centre commercial de Plan-de-Campagne dans les Bouches-du-Rhône, le travail du dimanche a été déclaré illégal, mais il prospère, et même ses adversaires les plus obstinés doutent qu'il soit un jour interdit. Pourtant, le 6 mars 2001, le tribunal administratif de Marseille a été clair : les arrêtés préfectoraux de 1995 à 1997 autorisant, par dérogation, le travail du dimanche sont illégaux, car rien ne les justifie. Et alors ? Alors rien. L'ouverture du dimanche se poursuit, avec ou sans dérogation, c'est selon. Cet été, l'Inspection du travail a contrôlé 50 entreprises en infraction. Ouvertes le dimanche, elles avaient oublié de demander la dérogation. «La majorité s'est empressée de régulariser auprès de la préfecture. L'Inspection du travail n'ira pas les pénaliser», assure un fonctionnaire.

Sous prétexte que tout le monde (clients, commerçants, travailleurs) y trouverait son compte, l'Etat laisse faire. Résultat : «Le dérogatoire devient permanent, explique ce fonctionnaire. Cela attire d'autres entreprises, qui viennent juste pour l'ouverture du dimanche. Ça fait trente ans que ça dure. Comme on présente ça comme des créations d'emplois, l'Etat laisse faire. C'est une zone de non-droit, le Far West. En plus, comme le travail du dimanche est payé 25 ou 50 % de plus, l'Inspection du travail n'a pas de plaintes de salariés. C'est ubuesque. Le préfet délivre toujours des dérogations illégales. Si quelqu'un les attaque, il gagne. C'est la loi