Menu
Libération

Des produits exotiques

Article réservé aux abonnés
publié le 6 octobre 2003 à 1h16

Il y a quelque chose de fascinant à visiter une chaîne de production de granules homéopathiques. Si l'enchaînement de salles et de machines évoque une usine de médicaments classiques, pas de chimie dans l'homéo. Tout part d'un produit souvent exotique. L'oscillococcinum, produit star maison contre les «états grippaux» (autour de 10 % du chiffre d'affaires), commence son histoire avec du foie et du coeur de canard de Barbarie. Un autre médicament sera fait à partir d'abeilles ou de coquilles d'huîtres. Beaucoup à partir de plantes ou de minéraux. François Meyer, de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), rappelle qu'il y a quelques années d'autres sources étaient autorisées, comme de «l'écoulement de blennorragie» ou du «crachat de rougeoleux». Interdits, désormais. On écrabouille, on fait tremper, on secoue, on filtre. Et hop, voilà la «teinture mère». Mais l'affaire ne s'arrête pas là : le coeur de l'homéopathie, c'est la dilution hahnemannienne ­ du nom du fondateur de l'homéo. Une opération qui se déroule dans une pièce surprotégée. Objectif : diluer la teinture mère 100 fois, puis 100 fois de nouveau et ainsi de suite. La solution finale portera un nombre de «CH» (centésimale hahnemannienne) pour indiquer son degré de dilution. A l'arrivée, dès 4 CH, on ne détecte aucune molécule dans la solution. En théorie, à 12 CH, il n'y a vraiment plus rien. C'est ce liquide qui imbibera les granules. Autrement dit : beaucoup de boulot pour obtenir