Joaquin, 33 ans, est thanatopracteur. Il pratique des soins d'hygiène et de conservation sur des personnes décédées.
«La première fois que je suis intervenu seul sur un corps, j'ai été submergé par l'émotion. Tout dépendait de moi. Il fallait que je rende à cette personne un visage calme, serein, que je la restitue à sa famille sous le meilleur aspect qu'il soit. Je suis thanatopracteur diplômé depuis janvier 2003. C'est un métier rare on est 400 en France. C'est un métier passionnant. Quand tu arrives, tu es face à un cadavre. La famille nous ouvre la porte sans oser regarder ce corps, il a la couleur de la mort, il leur fait peur. Notre intervention se joue en plusieurs étapes. D'abord, chasser les bactéries et stopper le processus de décomposition. Pour ça, on isole une artère et on injecte une solution bactéricide qui remplace dans le corps le liquide physiologique. Ensuite, on fait une toilette : nettoyage de la peau, des ongles, shampooing. Enfin, on utilise des cosmétiques pour effacer l'effet post-mortem. Après le décès, le visage prend une coloration verte ou violacée. On fait disparaître cela. On enlève la crispation. Et les familles retrouvent quelqu'un qui a l'air assoupi. Ce n'est plus une chose, c'est un défunt. Ils osent le toucher. Ça les apaise. Ça les aide à faire leur deuil.
«Dès le début de ma formation qui a duré un an , j'ai compris que j'étais fait pour ça.
«En 1997, j'ai eu un grave accident de la route. J'ai côtoyé la mort. Je suis resté quatre ans