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«A Tonneins, on vit l'agonie du tabac brun»

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Le site du cigaretier Altadis doit fermer en 2004. Les salariés misent sur un projet de diversification.
publié le 7 octobre 2003 à 1h17

Bordeaux de notre correspondante

Chaque fin de semaine, c'est la même atmosphère. Le vendredi, l'usine d'Altadis, à Tonneins, dans le Lot-et-Garonne, est vide. Les soixante-quinze ouvriers sont partis s'aérer. La chaîne de battage qui sépare le parenchyme, la partie tendre de la feuille de tabac, de la nervure principale est au repos. Ne reste que l'odeur persistante et tenace du tabac froid. Ne reste que Philippe Poyen, le patron de l'unité de traitement et battages. Seule sentinelle à veiller sur 10 000 tonnes de tabac brun, stockées sur 90 000 mètres carrés, répartis sur les 22 hectares du site.

Cigarillo au bec, Philippe Poyen se laisse aller à la nostalgie : «On vit l'agonie du tabac brun. Il ne fait plus rêver.» Et rumine les mauvaises nouvelles. Tous les jours, il doit faire avaler la pilule aux 75 ouvriers. Gérer une mort annoncée. Celle de la fermeture du site de Tonneins, programmée pour 2004 par le groupe Altadis qui met le paquet dans un vaste plan de restructuration (lire encadré). Du coup, à Tonneins, on broie du noir, et on ralentit la cadence de ce site qui traite et stocke le tabac alimentant l'usine de cigarettes de Lille et celle de Metz spécialisée dans le tabac à rouler. «Depuis septembre, nous enregistrons une chute de la production. Je n'ai pas trouvé la recette miracle pour intéresser les salariés à leur travail. Ils sont trop inquiets», lâche Philippe Poyen. Même s'il sait qu'il peut compter sur le cégétiste Alain Glayroux, «un gars sérieuxÊavec qui on