De l'art et la manière de tout faire à l'envers. Ou pres que. Jusqu'ici, et frappé par le coin du bon sens, la plupart des analystes financiers et autres économistes pariaient sur un rééquilibrage monétaire à dimension planétaire. «Inévitable», disaient-ils. Trop sous-évalué, le dollar devait, par exemple, cesser de se déprécier, et amorcer un mouvement de valorisation par rapport aux grandes devises, notamment et surtout par rapport à l'euro, qui depuis moins d'un an s'est apprécié de plus de 30 %... Bref, les grands argentiers devaient remettre (et rapidement) de l'ordre dans les déséquilibres monétaires internationaux.
«Enorme déficit». Mais voilà, une simple déclaration a douché les espoirs de ceux qui pariaient sur ce scénario. Sans prendre les précautions d'usage qui d'ordinaire habillent les déclarations des banquiers centraux, le président de la Banque centrale européenne, Wim Duisenberg, a en effet expliqué, dans un entretien publié hier par le quotidien économique madrilène Expansion, que «le dollar est la devise d'un pays ayant un énorme déficit de la balance des paiements, pratiquement 5 % du produit intérieur brut... Les Etats-Unis devront procéder à un ajustement de leur monnaie. Nous espérons et supplions que cet ajustement inévitable se fasse de façon graduelle et en douceur».
Aux quatre coins du monde, les opérateurs de devises ont aussitôt traduit : «Duisenberg se résigne à voir la chute du billet vert se poursuivre.» «Le président de la BCE a encore manqué u