Genk (Belgique)
envoyée spéciale
L'horloge murale mar que 22 heures. Les souliers battent le sol froid. L'équipe de nuit vient d'arriver : 2 000 ouvriers qui prennent la relève du piquet de grève devant l'usine Ford de Genk, une petite ville du Limbourg, en Flandre orientale. Un arrêt de travail de vingt-quatre heures a été entamé aux aurores lundi. Derrière la fumée opaque des pneus qui se consument, les masses sombres des voitures se détachent sur l'immense parking. Les hommes attendent le début de la réunion, massés en groupes, autour des tentes installées par les syndicats. Rouge pour les socialistes, verte pour les chrétiens démocrates, et bleue pour les libéraux. «C'est pas important la couleur, assure Johan Lammers, un permanent régional du syndicat chrétien, qui se fraye un passage parmi les groupes. Ce qui compte, c'est d'être là tous ensemble pour sauver les emplois.»
La semaine dernière, la direction de Ford Belgique, premier employeur régional, a annoncé le licenciement de 3 000 employés (l'équipe de nuit et du week-end), soit un tiers des ouvriers de l'usine. Mais ce n'est pas tout. La compagnie américaine remet aussi en cause la convention collective signée avec les syndicats en décembre. Celle-ci prévoyait 1 400 licenciements ainsi que la délocalisation de la fabrication du Transit minibus numéro 1 en Europe en Turquie à partir du 1er janvier 2004. En contrepartie, la direction de Ford promettait 900 000 euros d'investissement à Genk, pour en faire un site «f