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Libération

Couacs au bastringue

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publié le 13 octobre 2003 à 1h21

Jacques est musicien. Des bals populaires,

il est passé aux soirées privées pour gens fortunés du monde entier.

«Je suis guitariste depuis vingt-cinq ans. J'ai écumé la France des balloches, des petits villages aux grosses bourgades. Mais, à force de bagarres entre bandes, les bals ont quasiment disparu, sauf dans le Sud. En quelques années, c'est devenu la Berezina. Faute de mieux, je tourne aujourd'hui avec un groupe de variétés qui anime des soirées privées : mariages, anniversaires, bar-mitsva... Je voyage partout, Los Angeles, Moscou ­ très en pointe en ce moment avec les nouveaux riches russes ­, Hawaii, Irlande, Angleterre... Mais à quel prix !

«Des heures et des heures d'attente dans les aéroports, puis, une fois arrivé sur place, souvent à plusieurs heures de car de l'aéroport, on fait la balance (essais de son, ndlr), toujours avec rien dans le ventre. Comme les hôtels où nous dormons sont situés la plupart du temps loin de l'endroit de la prestation, il est hors de question d'aller se reposer avant de jouer. Donc on poireaute encore, puis commence le marathon de la soirée. On joue entre cinq et sept heures de suite avec tout juste un verre d'eau à boire, alors que des buffets dégoulinants nous font de l'oeil. Le patron de l'orchestre, les mains derrière le dos, tourne autour de nous toute la soirée, surveille sa troupe, nous harcèle pour qu'il n'y ait pas une minute de silence entre les morceaux.

«Bien sûr, nous ne recevons jamais un centime pour nous offrir un sandwi