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Libération

Sur un coin de bureau

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publié le 13 octobre 2003 à 1h21

Le menu quasi quotidien d'Emelyne, des chips trempées dans du tsatsiki grec, est devenu un des sujets de plaisanterie du service. Plus organisée, Sophie, l'assistante, sort chaque midi de son Tupperware moussaka ou ratatouille préparées le matin : «Pour manger équilibré. Si je mets le pied à la cantine, je ne résiste pas aux frites.» Il y a aussi le repas des jours de fête : «C'est là qu'intervient Michel, le commercial, avec ses crevettes-mayo pour tout le service», rapporte Emelyne.

Dans cette banque parisienne, le pique-nique dans les locaux est devenu une institution. Mais pas pratiquée par n'importe qui. «Les "petits salaires" vont à la cantine à 3 euros le repas. Franchement déprimant, tranche Emelyne. Le réfectoire est bruyant et les lumières aveuglantes. Les supérieurs n'y descendent jamais : les mieux payés et les flambeurs préfèrent les restaurants du quartier et complètent de leur poche les tickets-resto. Pour les autres, les jeunes surtout, c'est la gamelle.»

En 2002, 15 % des actifs déclaraient manger régulièrement sur leur lieu de travail. Un phénomène inexistant il y a dix ans. La «gamelle», vieux symbole de la vie ouvrière, séduit de plus en plus d'employés et de cadres du tertiaire. Par lassitude du restaurant d'entreprise ou sacrifiant à la mode des régimes alimentaires, ils ramènent salades et sandwiches au bureau. Certains les préparent consciencieusement chaque matin. La plupart préfèrent acheter leur en-cas dans la sandwicherie ou au snack du coin. D'où l