Le Havre de notre correspondante
Vendredi dernier, au troisième étage d'un immeuble du Havre, les quelque 40 employées de C'Jeu Tel Télé Kom ont trouvé portes closes. De retour de neuf jours de congés, imposés par cette société implantée dans la ville depuis la mi-juillet, elles devaient toucher leur paie de septembre et reprendre leur téléphone, de 17 à 21 heures, pour convaincre les particuliers inscrits sur leur listing : «Bonjour, vous avez été sélectionné pour gagner un téléphone portable d'une valeur de 200 euros si vous souscrivez à un abonnement SFR ou Bouygues.»
Certes, des rumeurs couraient sur les difficultés rencontrées par la société. Et, peu auparavant, Pascale, qui trouvait «bizarres» ces congés annoncés au téléphone par la secrétaire, s'était rendue dans les bureaux. Elle y avait trouvé le jeune patron de l'entreprise, Yohann Amar, 21 ans, remisant des ordinateurs dans des cartons. Il l'avait rassurée : «Ne t'inquiète pas, il n'y a pas de licenciement prévu pour le moment. On réorganise toute la société. Reviens travailler vendredi.»
Pour Pascale, 34 ans, RMiste depuis trois ans et qui élève seule ses deux enfants, cet emploi était alléchant. «On m'avait dit : "Vas-y, ils prennent n'importe qui."» Chez C'Jeu Tel Télé Kom, cette ancienne secrétaire de direction travaillait avec Sylvie, 28 ans, ancienne étudiante en psycho et qui venait d'échouer à son concours d'entrée à la police. Elle avait lu une petite annonce dans un journal gratuit : «Recherche téléprospect