Genève envoyé spécial
Le Thaïlandais Supachaï Panitchpakdi est directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), largement mise en cause après l'échec de la conférence de Cancun en septembre. Il répond aux critiques pour Libération.
L'OMC est-elle finie ?
Non, au contraire. Pour paraphraser Mark Twain : «Les nouvelles concernant ma mort sont un peu exagérées.» On parle d'effondrement, de fiasco. C'est trop sévère, même si, c'est vrai, on a échoué, alors qu'on aurait dû progresser. On sait désormais qu'on a peu de temps pour réformer l'organisation, qu'il faut aller vite. On sait qu'il y a les acteurs clés qui fixent l'ordre du jour, mais aussi d'autres, comme le G22 (groupe de pays, dont le Brésil, la Chine, l'Inde, l'Afrique du Sud) ou le G90 (pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique).
Pourquoi, selon vous, l'OMC suscite-t-elle autant de controverses ?
On n'ignore pas les critiques qui nous sont faites. Mais, souvent, elles devraient d'abord s'adresser aux Etats et pas à l'OMC, qui n'est qu'un secrétariat au service des Etats. Au moins, pour la première fois, on ne brocarde plus l'OMC pour son manque de transparence. Tout le monde a bien vu que les débats étaient plus ouverts, plus inclusifs que jamais. Tous les pays ont eu un droit à la parole, quel que soit leur poids. Si on veut une démocratie réelle, il faut accepter la diversité d'opinion. Par ailleurs, un grand nombre d'ONG (organisation non gouvernementale), les plus sérieuses, ne parlent plus de «démett