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Libération

«J'en ai vraiment bavé»

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par Sarah DELATTRE
publié le 20 octobre 2003 à 1h27

Raoul, ancien chef de mission dans l'humanitaire. Aujourd'hui, responsable de projet chez un équipementier automobile.

Avant, il voyageait en seconde classe, barbe mal rasée et Pataugas aux pieds. Aujourd'hui, engoncé dans un costume trois-pièces, il prend l'avion en classe affaires. Pendant huit ans, Raoul, amoureux des grandes causes, a travaillé dans l'humanitaire pour différentes ONG. Peu à peu, la passion s'étiole. En 1997, il choisit de se reconvertir dans le secteur marchand. «Je pensais que l'humanitaire m'avait taillé une stature de chef de PME, j'avais envie de transposer mon expérience dans le privé. Je devais aussi subvenir aux besoins de ma femme et de mes quatre enfants.»

Afin d'acquérir une meilleure connaissance du monde de l'entreprise et une légitimité aux yeux de ses futurs employeurs, il investit 22 867 euros dans un MBA, le plus prisé mais aussi le plus coûteux des diplômes en management. Il emprunte la moitié de la somme à sa famille, reçoit une bourse de son ancienne école de logisticiens et une aide de l'ANPE.

En janvier 1998, il entre à HEC. Un an et demi de MBA, il cravache comme un fou. «J'en ai vraiment bavé. Les quatre premiers mois surtout ont été très difficiles, et j'ai bien failli craquer. La somme de travail était telle que je rentrais souvent chez moi à 2, 3 heures du matin. Plutôt habitué à agir en solo, j'étais contraint de composer avec des tempéraments diamétralement opposés. Au début, nous passions notre temps à nous engueuler.» Mais, au