Jaroslaw (Pologne), de notre correspondante.
Impossible de trouver les produits Danone au petit supermarché du centre de Jaroslaw. Pas un seul yaourt, ni même un fromage blanc Danio. Depuis deux mois, ce magasin dont les étalages croulent sous d'autres marques laitières boycotte les produits du groupe français, en réponse à sa décision de fermer une usine de biscuits LU dans cette ville du sud-est de la Pologne.
Dissuader. «Je sais que c'est un combat entre une fourmi et un éléphant, explique Alicja Luzyniec. Mais, face à ce drame humain, je n'ai pas pu rester les bras croisés.» Gérante de 25 magasins de la chaîne nationale Spolem dans la région, elle a lancé ce mouvement de boycott, auquel se sont joints d'autres épiceries et grossistes. «Quand ils (les Français) ont annoncé la fermeture de l'usine, j'ai simplement cessé de commander leurs produits. Ils veulent envoyer sur le pavé 460 personnes et fermer une usine qui fait d'excellents produits. Ce n'est pas logique. Si ces gens n'ont plus de travail, moi, je perds aussi mes clients», lance-t-elle. Par lettre, elle a informé la direction de LU, qui a immédiatement réagi : des représentants sont venus la voir pour tenter de la dissuader.
Le 11 juillet, l'annonce de Danone a eu l'effet d'une bombe dans cette ville de 40 000 habitants, dont près d'un quart est déjà au chômage. Une autre grande usine, LU Jarlan, venait d'annoncer la suppression de plus de 1 000 emplois. «Ce fut une décision difficile, reconnaît Alain Locqueneu