Conseil de prud'hommes de Paris, section activités diverses
Elle n'a plus le sourire de tout à l'heure, ce mélange de gêne et de courage, quand elle disait qu'elle préférait «en rire». Là, face aux conseillers prud'homaux, elle a les bras croisés, serrés fort contre sa poitrine, le regard triste. Henriette Siliadin comparaît pour la cinquième fois devant un tribunal. Célèbre, malgré elle, car emblème de ce qu'il est désormais convenu d'appeler l'«esclavage moderne». Célèbre, aussi, parce qu'elle s'est opposée à des «notables à réputation humaniste» comme dit son avocate : Vincent Bardet, l'un des fils du fondateur des éditions du Seuil (directeur de la collection «Points Sagesses» au Seuil), et son épouse, Aminata. L'avocate passe rapidement sur les épisodes du feuilleton pénal, qui dure depuis cinq ans. Elle élude les injures, brimades, humiliations quotidiennes. «Je vais m'en tenir au volet qui vous concerne. Mademoiselle Siliadin a travaillé de 7 heures à 22 h 30, sept jours sur sept, pendant deux ans pour les époux Bardet. Elle s'occupait du ménage et des quatre enfants, elle dormait avec les petits pour prendre soin d'eux la nuit. Cent cinq heures par semaine en moyenne. Et aucune rétribution.» En juillet 1998, alertés par une voisine, le Comité contre l'esclavage moderne (CCEM) et les forces de police sont intervenus pour «libérer» Henriette. Après un premier jugement pénal, puis un pourvoi en appel, une cassation, le couple Bardet a été condamné en dernière instance à