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Libération

Les gardiens de la vertu

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Pour faire rimer profit avec bonne morale sociale et environnementale, l'entreprise embauche des directeurs du développement durable.
publié le 27 octobre 2003 à 1h34

Ce sont des missionnaires. Peu nombreux, mais convaincus. Leur cause : l'entreprise vertueuse. Leur titre : directeurs du développement durable. Leur mission : transformer les con traintes écologiques et sociales en opportunités de business. Leur credo : «Dans développement durable, il y a d'abord le mot développement.» Or, qui dit développement économique dit production de biens et de services, bonnes affaires et bénéfices. «Une responsabilité sociale et environnementale accrue pour une meilleure efficacité économique, voilà notre stratégie. On n'est pas dans une logique humaniste de bazar», explique un de ces managers. Désormais, l'idée qu'il faut produire sans détruire la planète, en respectant ses habitants tout en assurant leur prospérité dans la durée, n'est donc plus l'apanage des gouvernants réunis en sommets mondiaux, ni des associatifs rassemblés en contre-sommets. Montrée du doigt quand elle pollue, huée quand elle fait travailler des enfants, l'entreprise s'est mise au «durable», comme elle s'était mise à «l'éthique» il y a dix ans.

Restait à trouver les hommes et les femmes pour mettre en musique le politiquement correct et faire passer «un nouveau mode de pensée». Les postes de directeurs du développement durable et de chargés de projet ont fleuri cette année dans les grands groupes, mais aussi dans les PME les plus en pointe. Ces «monsieur ou madame développement durable» sont en général recrutés en interne, au sein de la direction. Ils viennent de la communica