Calcutta envoyé spécial
Bata quitte Calcutta, Calcutta est en émoi. L'annonce, fin septembre, du déménagement partiel des activités du célèbre fabricant de chaussures a provoqué la consternation dans la capitale communiste du Bengale occidental. Bata ne relocalise pourtant à New Delhi que ses activités commerciales et marketing, et ne touche pas à la production. Mais pour une ville qui tente de se débarrasser de sa réputation de bastion syndicaliste, la nouvelle est désastreuse : dans les esprits, Bata vient en effet de rejoindre la longue liste des entreprises ayant déserté depuis le début de l'ère communiste. Comme Philips, Dunlop ou la brasserie Shaw Wallace, tous partis pour cause d'excès de syndicalisme. «Chaque départ est une nouvelle claque, se lamente un représentant du gouvernement, car même si une délocalisation obéit à des raisons commerciales, au Bengale, c'est tout de suite mis sur le dos du pouvoir communiste. Et maintenant il va falloir ramer pour expliquer aux investisseurs potentiels que le départ de Bata n'a rien à voir avec le syndicalisme ou la politique du gouvernement.»
Séquestrations. Dirigé depuis vingt-six ans par le Parti communiste indien, le Bengale souffre en effet d'une mauvaise réputation auprès des investisseurs, indiens et étrangers. Jusqu'à peu, le gouvernement et les syndicats travaillaient main dans la main, au point que les négociations salariales se menaient en présence d'un représentant de l'Etat. Les incidents violents n'étaient pas rare