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Libération

Lot-et-Garonne : des ouvriers verriers à bout de souffle

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Quatrième dépôt de bilan en vingt ans pour la fabrique de Vianne.
publié le 30 octobre 2003 à 1h37

Vianne (Lot-et-Garonne)

envoyée spéciale

Le souffle est régulier. Répété. Les joues du verrier se gonflent. Au bout de la canne d'acier, la bulle de verre prend forme. Avec, en fond sonore, le bruit assourdissant et continu des fours. Pour Joaquim Patino, cette fois, la cassure est trop forte. En moins de vingt ans, son entreprise, la Verrerie de Vianne ­ qui fabrique des pièces en verre soufflées à la bouche ­, placée en redressement judiciaire le 1er octobre pour une période de six mois, aura donc connu quatre dépôts de bilan. Entré à 19 ans à la verrerie, dans le petit village lot-et-garonnais de Vianne, Joaquim, pâtissier de formation, apprend sur le tas. Et tente d'obtenir «un souffle maîtrisé». Pas facile. C'est l'époque où l'entreprise exporte à tour de bras aux Etats-Unis, l'époque où un millier de salariés venus de tout le canton travaillent à Vianne.

Duo. Mais en 1985 : premier dépôt de bilan. Un industriel, Richard Parent, un «Bernard Tapie» du Lot-et-Garonne, reprend la PME. Le notable du département ne se révèle pas très fin gestionnaire. Après deux dépôts de bilan, Richard Parent accepte de faire venir un PDG de l'extérieur et se contente du poste de directeur commercial. Mais leur duo ne fonctionne pas. Les salariés prennent parti pour le nouveau PDG, et Richard Parent décide de quitter l'entreprise tout en restant propriétaire des murs. A partir de là, ce sera la lente descente aux enfers.

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