(à New York)
«Eliot Spitzer ? Tout le monde le hait à Wall Street.» Cette remarque de James Cramer, analyste vedette du site financier The Street.com, permet de mesurer la réputation que s'est taillée le procureur de l'Etat de New York dans les milieux de la finance américaine. Baptisé «croisé de l'année» en 2002 par le magazine Time, il a déjà été affublé de tous les surnoms : «Monsieur Propre», «le shérif des cols blancs» ou encore «le Terminator des patrons».
Pour nombre d'Américains moyens pourtant, la force de Spitzer est d'avoir su s'attaquer à tous ceux qui régnaient jusque-là sans partage sur Wall Street. Avant même de s'en prendre aux mutual funds, Spitzer décide ainsi de livrer bataille contre Merrill Lynch dès 2001, alors que les rumeurs circulent sur les malversations commises par les banques d'affaires américaines. A l'époque, le procureur de 43 ans n'a aucune preuve de quoi que ce soit. Mais, un soir, un de ses assistants lui montre des e-mails échangés entre les courtiers de la banque, qui prouvent que ceux-ci lèsent les investisseurs en leur proposant des actions promises à la dégringolade. «On va tous se les faire», lance-t-il alors. L'enquête aboutira à la plus grande amende jamais imposée à Wall Street contre dix banques d'affaires : 1,4 milliard de dollars.
Le «coup» est salué par la presse américaine, qui fait de Spitzer le défenseur des causes nobles et des petits porteurs. Mais, pour tous ceux qui le connaissent, le succès du procureur n'est que l'aboutis