Le matin, elle enfourche son vélo pour aller travailler. Souvent en pantalon pour être plus à l'aise. Un quart d'heure de route et elle rejoint son équipe. Naïma (1) est ingénieure dans un grand groupe international de la région Rhône-Alpes. Quatre-vingt-dix pour cent de ses collègues sont des hommes. Classes préparatoires, école d'ingénieurs, elle a toujours évolué dans un milieu très masculin. Depuis trois ans, elle travaille dans la haute technologie avec des collègues à l'humour parfois macho. Cela ne la dérange pas.
A son poignet, le bracelet en or des jeunes filles de bonne famille. Mariée, Naïma a 25 ans. L'ovale de son visage est bordé d'un foulard crème aux volutes ton sur ton. «Je n'arrive pas encore à le mettre vite et bien», avoue-t-elle. Un peu «garçon manqué», elle est devenue, bien malgré elle, une spécialiste du couvre-chef : bandeau, chapeau, châle ou cagoule, elle a tout essayé avant d'adopter définitivement le foulard il y a deux ans. «Porter le voile est un cheminement spirituel. J'y suis allée progressivement. Petit à petit, je me suis habillée de façon plus pudique, j'ai abandonné shorts et maillots de bain. Au bureau, je pensais que je ne pourrais jamais le mettre.» Elle a gardé ses pantalons, fait «des efforts» pour être en jupe. Ne pas oublier d'être féminine. «Je mets des foulards de couleurs différentes, ça fait plaisir à mes collègues. Ça passe mieux.»
Le jour où ils l'ont vue arriver au bureau avec un petit bandeau coloré qui retenait juste ses che